Virginie Valière Virginie Valière

L'Art de la fidélisation : Au-delà des Programmes de Récompenses

Dans un contexte commercial saturé et compétitif, fidéliser les clients est crucial pour la croissance et la stabilité à long terme. Alors que les programmes de récompenses traditionnels jouent un rôle essentiel, ils ne sont pas suffisants pour garantir la loyauté des clients.

L'art de la fidélisation réside dans la capacité à créer des expériences mémorables et significatives qui vont au-delà des transactions purement économiques.

Voici comment les entreprises peuvent repenser leur stratégie de fidélisation pour construire des relations durables avec leurs clients.

Expériences personnalisées

La personnalisation est la clé pour toucher le cœur des clients. Les consommateurs d'aujourd'hui attendent des marques qu'elles comprennent leurs besoins spécifiques et adaptent leurs offres en conséquence.

  • Suggestion basée sur le comportement : utiliser les données de navigation et d'achat pour recommander des produits qui correspondent vraiment aux intérêts du client.

  • Communication personnalisée : adapter le ton et le contenu des communications selon les préférences du client pour renforcer le sentiment de connexion personnelle.

Engagement Émotionnel

Les clients fidèles sont souvent ceux qui ressentent un lien émotionnel avec la marque. Cultiver cet attachement peut transformer des acheteurs occasionnels en avocats passionnés de votre marque.

  • Storytelling de la marque : partager des histoires qui résonnent avec les valeurs et les aspirations des clients peut créer une profonde connexion émotionnelle.

  • Responsabilité sociale : engager votre entreprise dans des causes sociales ou environnementales importantes pour vos clients renforce la fidélité et l'engagement.

Consistance et Fiabilité

La fidélisation se construit sur la confiance, et la confiance se construit sur la constance. Assurer une expérience client cohérente à chaque interaction est fondamental.

  • Standards de service élevés : maintenir une qualité constante de services et de produits à chaque point de contact.

  • Réponses rapides aux problèmes : gérer efficacement les plaintes et les problèmes pour montrer que vous valorisez le temps et la satisfaction des clients.


Communautés de Clients

Les clients se sentent plus engagés lorsqu'ils font partie d'une communauté. Créer des espaces pour que les clients interagissent et partagent peut renforcer leur loyauté.

  • Forums et groupes : proposer des plateformes où les clients peuvent échanger des idées et des expériences.

  • Événements exclusifs : organiser des événements spéciaux pour les membres pour renforcer le sentiment d'appartenance.


Innovation Continue

Les clients fidèles désirent voir les marques qu'ils soutiennent évoluer. Montrer un engagement envers l'innovation peut garder l'intérêt des clients et solidifier leur loyauté.

  • Mises à jour de produits : présenter régulièrement de nouvelles fonctionnalités ou améliorations basées sur les feedbacks des clients.

  • Nouveaux canaux de service : adopter de nouvelles technologies pour améliorer l'expérience client, comme la réalité augmentée ou les chatbots.


Conclusion

Fidéliser les clients ne se limite pas à des programmes de récompenses ; il s'agit de créer une expérience complète qui valorise et respecte le client à chaque étape.

Nous aidons les entreprises à déployer des stratégies de fidélisation holistiques qui cultivent un engagement profond et durable, transformant les clients en véritables partisans de la marque.

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Transformer le Feedback Client en Action : Techniques et Technologies

Comprendre et répondre efficacement au feedback des clients est crucial pour le succès et la croissance de toute entreprise. Le feedback client, lorsqu'il est correctement collecté et utilisé, peut devenir une mine d'or d'insights précieux, conduisant à des améliorations de produits, des services plus performants et, en fin de compte, à une fidélité client accrue.

Voici comment les entreprises peuvent transformer le feedback client en actions concrètes grâce à des techniques et technologies avancées.

Collecte de feedback : méthodes et outils

La première étape pour transformer le feedback en action est de le collecter efficacement. Utiliser divers canaux et outils peut aider à obtenir un spectre complet de retours clients :

  • Enquêtes en ligne : utiliser des plateformes comme SurveyMonkey ou Google Forms pour créer des enquêtes ciblées après l'achat ou le service.

  • Systèmes d'écoute sociale : utiliser des outils comme Hootsuite ou Mention pour surveiller les mentions de votre marque et collecter les feedbacks non sollicités sur les réseaux sociaux.

  • Groupes de discussion et entretiens : organiser des sessions avec des clients pour obtenir des retours détaillés et contextuels.


Analyse de feedback : traitement et interprétation

Une fois le feedback collecté, l'étape suivante est de l'analyser pour en extraire des actions exploitables. L'intégration de la technologie peut grandement améliorer ce processus :

  • Analyse sentimentale : utiliser l'intelligence artificielle pour analyser le ton et les sentiments derrière les commentaires des clients, ce qui aide à prioriser les problèmes et opportunités.

  • Traitement Automatisé du Langage Naturel (TALN) : utiliser des outils comme IBM Watson pour décoder et classer le feedback en catégories pertinentes, telles que les plaintes, les suggestions, et les éloges.


Intégration des données et visualisation

Intégrer les données de feedback dans les systèmes de gestion de la relation client (CRM) pour une vue unifiée des préférences et comportements des clients :

  • Tableaux de bord : utiliser des plateformes comme Tableau ou Microsoft Power BI pour visualiser le feedback et ses tendances, permettant une compréhension rapide et approfondie des données.

  • Alertes automatiques : configurer des alertes pour notifier les équipes pertinentes lorsque certaines réponses de feedback déclenchent des seuils d'action.


Action et amélioration continue

Le dernier, mais non le moindre, est de transformer ces insights en actions concrètes :

  • Boucles de rétroaction fermées : s'assurer que chaque morceau de feedback reçoit une réponse, en informant le client des actions prises.

  • Tests A/B : utiliser le feedback pour tester des changements dans les produits ou services et mesurer l'impact sur la satisfaction des clients.

  • Intégration dans les itérations de produit : faire en sorte que les retours clients soient une partie intégrante du développement de produit, assurant que les produits évoluent en fonction des besoins et désirs des clients.


Conclusion

La transformation du feedback client en action n'est pas seulement une nécessité opérationnelle, c'est une stratégie cruciale pour améliorer l'engagement des clients et leur satisfaction.

Chez "La Source Vive", nous aidons les entreprises à mettre en œuvre des systèmes de feedback sophistiqués qui ne captent pas seulement des données, mais les transforment en actions significatives qui propulsent la croissance et l'innovation.

Engagez-vous vers une écoute active de vos clients, et les résultats suivront.

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Éthique et Engagement : Aligner les Valeurs de l'Entreprise Avec les Attentes Sociétales

À une époque où les consommateurs sont de plus en plus conscients de l'impact social et environnemental de leurs choix de consommation, les entreprises doivent aligner leurs valeurs et pratiques avec les attentes sociétales. Un engagement éthique fort peut non seulement améliorer l'image de marque mais aussi renforcer la fidélité et le dévouement des employés.

Voici comment les entreprises peuvent intégrer l'éthique au cœur de leur stratégie d'engagement pour répondre à ces nouvelles exigences.

Définir des valeurs éthiques claires

La première étape pour aligner les valeurs d'une entreprise avec les attentes sociétales est de définir clairement ce que représente l'éthique pour l'organisation.

  1. Mission et valeurs : revoir la mission et les valeurs de l'entreprise pour s'assurer qu'elles reflètent un engagement envers la responsabilité sociale et environnementale.

  2. Codes de conduite : établir des codes de conduite clairs pour les pratiques internes et la chaîne d'approvisionnement qui reflètent ces valeurs.


Communication transparente

La transparence est essentielle pour bâtir la confiance et montrer un véritable engagement éthique.

  1. rapports de durabilité : publier des rapports annuels ou bi-annuels détaillant les efforts de l'entreprise en matière de durabilité, de diversité, d'inclusion et d'autres questions sociales.

  2. Réponses aux crises : communiquer ouvertement sur les mesures prises en réponse à des crises ou des controverses, soulignant l'engagement éthique de l'entreprise.


Engagement actif des parties prenantes

Inclure les employés, les clients et la communauté dans les conversations autour des pratiques éthiques, renforce l'engagement.

  1. Forums : organiser des forums où les employés et les clients peuvent discuter des pratiques éthiques et proposer des améliorations.

  2. Collaborations communautaires : engager des collaborations avec des organisations locales ou des ONG pour travailler sur des projets bénéfiques mutuellement.


Formation et sensibilisation

Éduquer les employés et les parties prenantes sur l'importance de l'éthique et de la responsabilité sociale est fondamental pour intégrer ces valeurs.

  1. Programmes de formation : développer des programmes de formation pour les employés sur l'éthique, la durabilité, et la responsabilité sociale.

  2. Campagnes de sensibilisation : mener des campagnes pour sensibiliser les clients et le grand public aux initiatives éthiques de l'entreprise.


Mesure de l'impact éthique

Suivre et mesurer l'impact des initiatives éthiques aide à évaluer leur efficacité et à démontrer l'engagement de l'entreprise.

  1. Indicateurs de performance : utiliser des indicateurs spécifiques pour suivre les progrès en matière de responsabilité sociale et environnementale.

  2. Audits externes : soumettre l'entreprise à des audits externes pour valider les pratiques éthiques et en rapporter de manière transparente.

Conclusion

L'alignement des valeurs de l'entreprise avec les attentes sociétales n'est pas seulement une nécessité éthique ; c'est aussi une stratégie commerciale intelligente qui renforce l'engagement interne et externe.

Nous aidons les entreprises à naviguer dans ces eaux souvent complexes, en développant des stratégies qui respectent les principes éthiques et renforcent les liens avec toutes les parties prenantes. Adopter un cadre éthique solide est essentiel pour les entreprises qui aspirent non seulement à réussir mais aussi à prospérer de manière responsable dans le monde moderne.

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Le Futur de l'Engagement des Employés : Tendances et Prédictions

L'engagement des employés est un pilier crucial de la réussite organisationnelle. Les stratégies d'engagement doivent s'adapter pour répondre aux nouvelles attentes, voici tendances émergentes qui façonneront l'avenir de l'engagement des employés dans les années à venir.

Hybridation du travail

La pandémie de COVID-19 a accéléré la transition vers le travail hybride, combinant travail à domicile et présence au bureau. Cette tendance devrait se poursuivre et se raffiner.

  1. Flexibilité accrue : les employés attendent des options de travail plus flexibles qui leur permettent d'équilibrer mieux leur vie professionnelle et personnelle.

  2. Technologies de collaboration : l'adoption de technologies avancées pour supporter la collaboration à distance sera cruciale pour maintenir l'engagement des équipes dispersées.

Santé et Bien-être

L'importance accordée à la santé mentale et au bien-être global des employés est en hausse. Les entreprises qui investissent dans ces domaines peuvent s'attendre à une productivité accrue et à un meilleur engagement.

  1. Programmes de bien-être : des programmes complets incluant santé physique, mentale, et émotionnelle deviendront la norme.

  2. Espaces de travail sains : les bureaux seront conçus pour encourager un mode de vie sain, avec des espaces pour le repos, le mouvement et la socialisation.

Utilisation de la data pour l'engagement personnalisé

La personnalisation de l'engagement grâce à l'analytique avancée et à l'intelligence artificielle permettra de mieux comprendre et répondre aux besoins des employés.

  1. Analytique prédictive : utilisation de la data pour prédire les besoins des employés avant qu'ils ne deviennent des problèmes.

  2. Engagement ciblé : les interventions d'engagement seront plus ciblées et pertinentes, adaptées aux besoins et préférences individuels des employés.


Développement et croissance continus

Le développement professionnel continu sera un moteur clé de l'engagement des employés. Les opportunités d'apprentissage et de croissance sont des facteurs importants de rétention.

  1. Apprentissage en continu : les plateformes d'apprentissage en ligne et les opportunités de formation continue seront intégrées dans les parcours de carrière des employés.

  2. Parcours de carrière flexibles : plus de possibilités pour les employés de changer de rôle ou de direction au sein de l'organisation, encouragent l'exploration et la croissance personnelle.


Engagement socio-écologique

L'engagement des employés sera de plus en plus lié aux pratiques environnementales et sociales de l'entreprise.

  1. Initiatives vertes : les programmes qui permettent aux employés de participer à des initiatives écologiques renforceront l'engagement.

  2. Responsabilité sociale d'entreprise : les employés seront plus engagés dans des entreprises qui démontrent un réel engagement envers la responsabilité sociale.


Conclusion

L'avenir de l'engagement des employés repose sur une compréhension profonde des besoins et attentes changeants des employés. Les entreprises qui embrassent ces tendances et les intègrent dans leurs stratégies d'engagement bénéficieront de collaborateurs plus motivés, plus satisfaits et plus productifs.

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Virginie Valière Virginie Valière

Comment Construire une Culture d'Entreprise Engageante et Inclusive

Avoir une culture d'entreprise engageante et inclusive est essentiel. Une culture forte peut attirer des talents de haut niveau, augmenter la satisfaction des employés et améliorer la rétention.

Voici comment les entreprises peuvent développer une culture qui inspire et soutient tous ses membres.

Définition de valeurs claires

La première étape vers une culture d'entreprise engageante et inclusive est la définition de valeurs claires qui guident toutes les actions et décisions.

  1. Ateliers de valeurs : organiser des ateliers avec les employés pour définir ensemble les valeurs de l'entreprise.

  2. Communication constante : assurer que les valeurs sont communiquées régulièrement, non seulement à travers des mots mais aussi par des actions.

Diversité et inclusion

Une culture inclusive doit célébrer et promouvoir la diversité sous toutes ses formes, en reconnaissant et en valorisant les différentes perspectives et expériences que chacun apporte.

  1. Recrutement diversifié : adopter des pratiques de recrutement qui favorisent la diversité.

  2. Formations sur la diversité et l'inclusion : offrir des formations régulières pour aider les employés à comprendre et à embrasser la diversité.

Engagement et participation des employés

La culture d'une entreprise est largement façonnée par l'engagement de ses employés. Encourager une participation active est crucial.

  1. Groupes de ressources employés : créer des groupes de ressources pour les employés où ils peuvent partager des expériences et discuter de questions qui les concernent.

  2. Sondages Réguliers : utiliser des sondages pour recueillir des feedbacks sur la culture de l'entreprise et identifier des domaines d'amélioration.

Communication ouverte et transparente

La transparence est la clé d'une culture engageante. Elle renforce la confiance et ouvre des voies de communication qui peuvent aider à prévenir les malentendus et les conflits.

  1. Canaux de communication multiples : offrir différents canaux pour que les employés puissent exprimer leurs opinions et leurs préoccupations.

  2. Réunions Régulières : tenir des réunions régulières où la direction discute ouvertement des défis et des succès de l'entreprise.

Reconnaissance et récompense

Reconnaître et récompenser les employés pour leur travail acharné et leur dévouement est fondamental pour une culture engageante.

  1. Programmes de reconnaissance : mettre en place des programmes qui reconnaissent les efforts et les réalisations des employés de manière significative.

  2. Célébrations des succès : organiser des événements pour célébrer les réussites individuelles et collectives.

Formation et développement continu

Investir dans le développement professionnel des employés montre que l'entreprise se soucie de leur croissance et de leur succès à long terme.

  1. Plans de développement personnalisés : offrir des plans de développement personnalisés qui alignent les objectifs de carrière des employés avec les objectifs de l'entreprise.

  2. Accès à l'éducation et à la formation : fournir un accès facile à des ressources éducatives et des opportunités de formation.

Conclusion
Construire une culture d'entreprise engageante et inclusive n'est pas une initiative ponctuelle mais un processus continu qui nécessite un engagement constant de tous les niveaux de l'organisation. Chez "La Source Vive", nous aidons les entreprises à développer des stratégies efficaces pour cultiver une culture qui non seulement respecte et valorise chaque employé mais encourage également un engagement profond et significatif.

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Politique, Mobilisation Virginie Valière Politique, Mobilisation Virginie Valière

Penser le temps long de la mobilisation

La classe politique semble tétanisée par l’abstention massive qui s'est transformée en grève du vote lors des élections régionales et départementales en France.

Mais comment pourrait-il en être autrement quand les organisations politiques ne font campagne que lors des élections. Vous trouvez que j’exagère.

A chaque élection le processus est le même et touche l’ensemble des organisations. On constitue une équipe de campagne, on élabore un programme, on adopte une charte graphique, on construit un site web, on constitue une base de données, on soigne sa communication sur les réseaux sociaux et on tente de mobiliser des supporters. Le soir de l’élection arrive et… … tout s'arrête.

La classe politique semble tétanisée par l’abstention massive qui s'est transformée en grève du vote lors des élections régionales et départementales en France.

Mais comment pourrait-il en être autrement quand les organisations politiques ne font campagne que lors des élections. Vous trouvez que j’exagère.

A chaque élection le processus est le même et touche l’ensemble des organisations. On constitue une équipe de campagne, on élabore un programme, on adopte une charte graphique, on construit un site web, on constitue une base de données, on soigne sa communication sur les réseaux sociaux et on tente de mobiliser des supporters. Le soir de l’élection arrive et… … tout s'arrête. On dissout l’équipe, on arrête de communiquer et on éteint le site web. La mobilisation s'achève jusqu’à la prochaine élection où l’on reprendra exactement le même processus. 

Depuis l’effondrement des mouvements de masses issus du gaullisme ou du communisme, Sisyphe a pris le contrôle des organisations politiques. On y épuise les bonnes volontés en poussant les militants à pousser une pierre jusqu'à un sommet d’où elle finit toujours par retomber avant de recommencer encore et encore. Le résultat est sans appel : les organisations politiques sont victimes d’une atrophie généralisée. Année après année, leurs facultés à mobiliser s'affaiblissent, elles perdent structurellement du poids et sont de moins en moins capables de mobiliser.

Soyons concrets. Prenons les dernières élections, du Rassemblement National aux Verts en passant par le Parti Socialiste et les Républicains nous avions 4 organisations qui existent depuis presque 40 ans et qui récoltent des emails et de la data depuis au moins 20 ans. On pourrait imaginer qu’avec une telle expérience elles disposent d’une puissance de mobilisation hors norme en étant capable d’envoyer des dizaines de millions de messages et de passer des centaines de coups de téléphone. Bref d’assurer par leur seule capacité de mobilisation un taux de participation correct à une élection.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, alors que ces 4 partis ont dépensé (en prenant uniquement en compte les dotations de fonctionnement les remboursements des comptes de campagne) plus de 1,5 milliards d’euros dans les vingt dernières années, elles sont totalement indigentes en termes de data. Elles sont totalement incapables d’utiliser leurs bases de données pour mobiliser des électeurs simplement parce qu’elles sont vides. Elles disposent de très peu d’emails et de sms. La mobilisation est aux partis politiques ce que le sexe est aux adolescents. Un sujet qui les obsède mais qu’ils ne pratiquent pas. 

Pour le dire brutalement, l’apathie démocratique est fortement dûe à des organisations qui s’enferment dans le temps court des élections et sont incapables de penser la mobilisation comme un processus continu.

Et c’est le grand paradoxe de l’époque. Alors que les organisations politiques n’ont jamais disposé, grâce à la data et aux réseaux sociaux, d’autant de ressources technologiques pour comprendre les besoins, co-construire des solutions, engager et former des citoyens, entretenir une relation sur le temps long et faire communauté ensemble, elles n’ont jamais été aussi faibles. 

Elles se trompent sur un point essentiel. Elles font de l’élection un point d'arrivée, une fin en soi. Alors que c’est tout l’inverse. C’est un point de départ, un commencement ou plutôt une étape sur une route plus large qui est celle de la mobilisation.

Et c’est là toute la différence entre les organisations politiques atrophiées que nous connaissons et les mouvements de masse qui structurent la société jusqu’aux années quatre-vingt. Alors qu’elles ne disposaient pas d’outils d’e-learning ou de base de données, l’ensemble des organisations politiques, qu’elles soient issues du gaullisme, de la démocratie chrétienne ou du communisme, avait en commun de penser la mobilisation sur le temps long. Les organisations engageaient la jeunesse, formaient des cadres, créaient des moments de grande convivialité. La mobilisation ne s'arrêtait pas le soir d’une élection, elle était permanente.

Les organisations politiques doivent redevenir des bâtisseurs du temps long. C’est une question de survie démocratique.

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Climat Virginie Valière Climat Virginie Valière

La révolution bleue

Nous avons tendance à dire qu’après le passage du monde agricole à une économie industrielle, l’invention de la puce électronique, l’intelligence artificielle est la troisième grande transformation de l’histoire économique.

Je n’y crois pas. L’intelligence artificielle, qui vient du terme anglais “Artificial intelligence” que nous devrions plutôt traduire par renseignement artificiel, n’est que la continuation rationnelle de la révolution informatique. Elle s’inscrit dans cette révolution qui est en train de transformer, devrais-je dire, laminer une grande partie de notre société. En automatisant les tâches, l’informatisation des processus va détruire, à marche forcée, des millions d’emplois dans le secteur des services, des bureaux, des magasins. Ce décalage shumpeterien risque de provoquer des crises sociales dont le mouvement des “Gilets Jaunes” n’est qu’un modeste avant goût.
A court terme nous avons raison d’être pessimiste.

Nous avons tendance à dire qu’après le passage du monde agricole à une économie industrielle, l’invention de la puce électronique, l’intelligence artificielle est la troisième grande transformation de l’histoire économique. 

Je n’y crois pas. 

L’intelligence artificielle, qui vient du terme anglais “Artificial intelligence” que nous devrions plutôt traduire par renseignement artificiel, n’est que la continuation rationnelle de la révolution informatique. Elle s’inscrit dans cette révolution qui est en train de transformer, devrais-je dire, laminer une grande partie de notre société. En automatisant les tâches, l’informatisation des processus va détruire, à marche forcée, des millions d’emplois dans le secteur des services, des bureaux, des magasins.  Ce décalage shumpeterien risque de provoquer des crises sociales dont le mouvement des “Gilets Jaunes” n’est qu’un modeste avant goût. 

A court terme, nous avons raison d’être pessimistes. Le déclassement social risque de devenir la nouvelle norme des classes moyennes. Pourtant à y regarder de plus près les raisons d'espérer sont grandes. Derrière la transformation numérique se dessine une révolution bien plus massive, systématique et positive. Elle s’annonce, gronde sur fond de réchauffement climatique et d’extinction du vivant. Cette révolution risque de transformer en profondeur notre manière de penser notre rapport aux monde, de produire, de vivre.

C’est la révolution bleue.

Cet impératif écologique qui nous commande de nous réinventer au prisme de la fragilité de nos écosystèmes. C’est elle la troisième grande révolution de l’histoire économique. Nous avons vécu la révolution agricole, ce moment où l’Homo-sapiens, en passant du statut de cueillir à celui de sédentaire, s’est inscrit dans un territoire.

La révolution industrielle où, en domptant la nature, l’homme moderne s’est déifié. Ce moment de bascule, anthropocène, où les activités humaines sont devenues une force géologique capable de modifier durablement l’équilibre de notre planète au point d’en détruire le vivant. 

Ce modèle n’est plus viable et nous allons en sortir. Non pas par charité. Mais plus prosaïquement parce que les Homo Sapiens que nous sommes sont surmotivés par un instinct de survie hors norme. Cette révolution ne se fera pas à l’aide des recettes des siècles passés. 

Ce n’est ni par de nouvelles taxes, de nouvelles réglementations, du plus ou du moins d’Etat, des décisions venues d’en haut que nous nous en sortirons. Il est d’ailleurs fascinant de constater que les outils conceptuels des uns et des autres datent, datent d’il y a plus de deux siècles.

Non ce sera bien plus radical et exigeant. Une transformation radicale de notre manière de vivre et de penser notre rapport à l’autre.

Je m’explique.

Levinas nous a démontré que le dénuement et l'extrême vulnérabilité d’un visage nous prend en otage. Il nous commande et nous rend responsable d’autrui. Avec Levinas, la morale ou plutôt l’éthique n’est plus, au sens classique du terme, ontologique, de l’ordre du devoir être mais un fait, un traumatisme, né de la rencontre du visage d’autrui. C’est cette expérience fondamentale qui fonde notre morale, notre rapport au monde. La vulnérabilité du visage de l’autre m’envahit et m’investi de responsabilité. Elle est le fondement de mon identité inaliénable de sujet. 

Toute la difficulté de notre monde vient de là.

La nature et une immense partie du vivant est sans visage. Ils ne nous commandent pas. Ne fondent pas notre identité. Et nous avons tort. Sans la nature et le vivant sans visage, nous sommes condamnés à disparaître. 

Nous allons devoir opérer une révolution éthique. Mettre un visage sur ce paysage, cet insecte, cet animal dont nous refusons d'être responsables. Adopter une vision emersonienne de la nature. L’observer avec révérence et gratitude. Accepter qu’elle est le fondement de notre moi.

Vous pensez que ce n’est là qu’une posture éthique. Mais elle impose une nouvelle manière de vivre.

Refuser de dévorer les oiseaux qui magnifient nos champs, nos forêts, de massacrer les poissons qui enrichissent nos mers, de manger nos frères mammifères. Ne plus accepter ces céréales plantées par des hommes qui pour augmenter les rendements font le choix cynique de liquider les insectes. Considérer que la beauté d’un paysage est un trésor plus précieux qu’un bien de consommation.

C’est là une révolution bien plus magistrale que la vaguelette digitale que nous connaissons.

Nous allons devoir tout changer. Et c’est là, paradoxalement, un formidable espoir. La promesse d’un ré-enchantement du monde.

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Ecologie, Effondrement Virginie Valière Ecologie, Effondrement Virginie Valière

D'un effondrement à l'autre

Le 9 novembre 1989 le mur de Berlin s’effondrait. L’opinion mondiale assistait, incrédule, à l’implosion d’une utopie meurtrière qui causa la mort de dizaines de millions d’êtres humains et la ruine de bien des nations. Certains avec Francis Fukuyama proclamaient la fin de l’histoire. Nous étions arrivés à un climax civilisationnel. La société de consommation s’imposait comme l’horizon indépassable de l’humanité. Trente ans après, la réalité écologique nous rattrape.

Le 9 novembre 1989 le mur de Berlin s’effondrait. L’opinion mondiale assistait, incrédule, à l’implosion d’une utopie meurtrière qui causa la mort de dizaines de millions d’êtres humains et la ruine de bien des nations. 

Certains avec Francis Fukuyama proclamaient la fin de l’histoire. Nous étions arrivés à un climax civilisationnel. La société de consommation s’imposait comme l’horizon indépassable de l’humanité. 

Trente ans après, la réalité écologique nous rattrape. Le changement climatique devient palpable. Nos villes étouffent. Poissons, mammifères, reptiles, amphibiens déclinent à un rythme cent à mille fois supérieur que celui calculé au cours des temps géologiques. En quarante ans, 60 % des populations de vertébrés ont disparu. L’hypothèse d’un effondrement généralisé s’installe dans nos consciences. Trente ans après le communisme, la société de consommation est, elle aussi, sur le point de s’effondrer. 
La société de consommation et le socialisme semble s’opposer. Mais à bien y regarder sont les deux faces d’une même pièce. Il y a derrière la même idée simpliste que pour fournir les clefs du bonheur à un peuple il suffit de brûler, encore et toujours, plus de matière première. Elle partage une  idéologie commune. Celle  de la croissance continue des biens de production.  Les deux plus grands producteurs de CO2 du vingtième siècle furent l’Union Soviétique et les Etats-Unis. 

L’effondrement de l’empire thermo-industriel se sera joué en deux actes. Le communisme précéda la société de consommation dans le cercueil de l’histoire.

Face à cet écroulement annoncé, nous sommes seuls face à notre destin. Il y a trente ans, les peuples issus du communisme avaient un modèle alternatif à épouser.

Aujourd’hui c’est à nous d’inventer la suite du monde. L’enjeu est immense. Il nous faut tout reconstruire, tout repenser. Nous n’allons pas seulement devoir changer radicalement de mode de production. Mais nous devons changer d’axe, de vision pour inventer un nouvel imaginaire. Un nouveau récit collectif qui transcende la logique consumériste.

Et c’est précisément là que les femmes et les hommes issus de l’industrie de la communication ont beaucoup à faire. Pas uniquement parce que nous avons beaucoup à nous faire pardonner.

Disons le clairement, si  l’Union Soviétique utilisait les camps d’internement pour imposer son modèle centralisateur, la société de consommation mania la publicité pour aplatir les peuples et les transformer en consommateurs. Si demain, nos enfants convoquent un tribunal de Nuremberg pour  juger des crimes contre le climat notre industrie sera au premier rang sur le banc des accusés. Derrière la coolitude de la publicité se cache une industrie qui est en première ligne dans la consumation de notre planète.

Vous en doutez ? Il suffit de faire un petit retour en arrière pour s’en convaincre.

Tout au long du dix-neuvième siècle, l’appareil de production connaît des gains de production invraisemblables mais sans que les ouvriers en profitent.  D’un côté, on produit de plus, sans que l’on arrive à vendre la production fautes d’acheteurs solvables. De l’autre, le prolétariat s’enfonce dans la misère et bascule et se  radicalise dans la détestation de la bourgeoisie..

C’est en pointant cette double tension que Marx prédit l’effondrement inévitable du système capitaliste ; pour lui la crise de surproduction est cyclique et inhérente au système et la tension entre l’exploiteur et l’exploité rend la révolution inévitable.
C’est au coeur de la plus grosse crise de surproduction en 1929 que le capitalisme va se réinventer. Henri Ford propose un compromis, augmenter les salariés pour qu’ils s’enrichissent et achètent les biens de production. 

Et c’est là que la publicité et le marketing entrent en jeu. Après que l’industrie ait transformé le paysan en prolétaire, la publicité va transformer les prolétaires en “consumers”.

En anglais le terme est frappant. “Consumer”  littéralement celui qui brûle. On invente un être capable de consumer tout ce que l’industrie produit en grande quantité. Pour qu’il soit fidèle aux  produits, on crée la marque. The « Brand », en anglais ne signifie rien d’autre que le tison. Cet objet utilisé pour marquer, au fer rouge incandescent, le bétail ou les esclaves. Jusqu’au vingtième siècle, en anglais, le terme “the branding” n’est utilisé que pour désigner le marquage au fer rouge. Il sert à montrer, que les bêtes comme les esclaves, sont tous identiques parce qu’ils appartiennent aux mêmes propriétaires. 

Dès lors, l’équation du système va être bouleversée.

Les salaires augmentent fortement et permettent de trouver des débouchés nouveaux pour l’appareil de production. Les congés payés voient le jour et font naître l’industrie du divertissement. La société prolétarienne disparaît et nous voyons émerger une classe moyenne pour qui la consommation devient un nouvel eldorado. La consommation pour tous et par tous devient le nouveau contrat social de l’Occident moderne. Je consomme donc je suis. 

Ce modèle est dans une impasse.

N’en déplaise à Ellen Musk, nous n’avons qu’une seule terre. Il ne s’agit pas de revenir au Moyen Age et de brûler tout ce que la civilisation thermo-industrielle a produit.  Bien au contraire, il s’agit de comprendre que nous rentrons dans l’économie de l’après carbone.

Nous allons avoir besoin des savoir-faire de l’industrie de la communication pour sortir du cercle infernal du brûleur-brûlé et inventer une communication de la coresponsabilité écologique et sociale. Il est temps de compenser avec créativité le mal que nous avons fait à notre planète. Il faut en finir avec les missions de conseil pour Monsanto, Total où les agences fichent les défenseurs de l’environnement et organisent la propagande climato-sceptique. Comprendre que mettre sa créativité au  service de MacDo, Evian, EasyJet, Volskwagen c’est compromettre le futur de nos enfants.

Les talents doivent aider les humains à reprendre en main le tison, à inverser le rapport de force et marquer au fer rouge de l’infamie les entreprises qui saccagent nos modes de vie, nos écosystèmes et détruisent le vivant. Il nous faut inventer un nouvel imaginaire collectif qui valorise la beauté de notre planète.

Il nous faut inventer un imaginaire collectif qui valorise les bonnes pratiques écologiques.

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Ecologie Guest User Ecologie Guest User

Beauté et écologie

Depuis les années soixante nous assistons à un massacre organisé de notre cadre de vie. Déjà dans les années soixante-dix Michel Pericard lançait un cri d’alarme avec son émission “la France Défigurée”.
Depuis on a encerclé nos villes de hangars métalliques uniformes et liquidé notre habitat traditionnel en pierres par des maisons en préfabriqué. La voiture a imposé que l’on balafre nos paysages de voies rapides, d’échangeurs, de rocades et de ronds points. Les buffets à volonté asiatiques, les Kebabs et les tacos ont liquidé nos auberges et restaurants de village.
La France des banlieues et des périphéries a subi un viol systématique de ses territoires. Le rouleau compresseur de la société de consommation a aplati deux millénaires de génie français.

Depuis les années 60 nous assistons à un massacre organisé de notre cadre de vie. Déjà dans les années 70, Michel Péricard lançait un cri d’alarme avec son émission “La France Défigurée”.


Depuis on a encerclé nos villes de hangars métalliques uniformes et liquidé notre habitat traditionnel en pierre par des maisons en préfabriqué. La voiture a imposé que l’on balafre nos paysages de voies rapides, d’échangeurs, de rocades et de ronds points. Les buffets à volonté asiatiques, les Kebabs et les tacos ont liquidé nos auberges et restaurants de village. 
La France des banlieues et des périphéries a subi un viol systématique de ses territoires. Le rouleau compresseur de la société de consommation a aplati deux millénaires de génie français.


Le pays de Rabelais est devenu le champion de la grande distribution avec 1.400 hypermarchés et 8.000 supermarchés. C’est là une spécificité française : 70 % du chiffre d’affaire commercial est réalisé en périphérie des villes alors qu’il n’est que de 30 % en Allemagne. La nation de Mansart et Lenôtre a transformé la maison en produits que l’on commande sur catalogues. 
Cet enlaidissement français n’est pas le fruit d’un hasard ou le résultat d’un alignement des mauvais goûts mais la conséquence d’une démission. Nos dirigeants ont abdiqué devant l’exigence de beauté.
Depuis que la France est France, notre habitat, nos villages, nos villes ne sont pas pensés comme des objets fonctionnels et temporels mais comme une représentation symbolique et spirituelle du monde. C’est le lieu du temps long. Ici une église marque dans la pierre la puissance mystique de l’adoration christique, là un monument rappelle la grandeur de nos aïeux. Les constructions étaient pensées pour nous donner l’intuition de notre humanité totale, faite de matière et d’esprit. Friedrich Schiller l’a merveilleusement exprimé “la beauté travaille à l’avènement en l’homme de la volonté libre”. 
La beauté et la majesté étaient pour nos gouvernants impératives. Elles étaient non seulement la marque de leur grandeur mais scellaient le pacte social. Misérables ou puissants, nous étions tous, nous Français, égaux face à la beauté de nos bâtiments et de nos terroirs.


Depuis l’antiquité, l’espace public est le lieu où réside notre vie civique et où s’incarne la manifestation physique du bien commun. Il répond à des règles universelles de conception. Il est pensé pour nous dire qui nous sommes, d’où nous venons et où nous allons. Les espaces, les places, les rues, les avenues y sont bien définis et perméables : les commerces, les habitations et les activités s’y côtoient. Le besoin de transformer le citoyen en sur-consommateur a poussé nos dirigeants à appliquer à nos territoires la logique de la grande distribution. Le cadre de vie est devenu un circuit : les zones commerciales où se concentrent des  monstres de métaux colorés, les parcs d’activités qui se vident la nuit, les lotissements de sommeils peuplés de barre HLM puis de pavillons. 
L’horreur esthétique a accompagné sa soeur, l’horreur économique. On a construit des hangars par milliers et des pavillons par millions. L’aménagement communal standardisé a écrasé les terroirs. 


Pompidou rêvait d’une France de propriétaires de maisons individuelles. L’usine à maisons a rendu ce rêve abordable. Les Français se sont mis à croire que le climax de l’épanouissement social était de devenir propriétaire d’un pavillon avec son jardin. On a détruit la distinction entre l’urbain et le rural. Les barres HLM, construites comme une réponse au mal logement de l’après guerre, se sont vidées de leurs primo habitants pour accueillir de nouveaux arrivants issus de l’immigration et se transformer en ghettos ethniques. Puis la pression foncière a vidé les centres villes de ses classes populaires au profit des zones pavillonnaires toujours plus nombreuses. La France périurbaine composée à quatre-vingts dix pour cent d’habitats individuels, dont la moitié organisée en lotissements, est passée de neuf millions d’habitants en 1968 à plus de quinze millions aujourd’hui. 


Utopie des classes moyennes, le sentiment de déclassement submerge les lotissements. Alors que l’inflation enflamme les centres villes, les maisons s’y revendent moins chères qu’à l’achat. Prisonniers de leurs voitures, les habitants - qui font en moyenne cinquante kilomètres par jour pour se rendre à leur travail - étouffent face à l’augmentation des prix de l’essence. La convivialité, qui y régnait il y a quelques décennies, a disparu. En quarante ans, quatre-vingt dix pour cent des cafés de France ont été liquidés. Le supermarché est devenu le dernier lieu de rencontres. Les grandes villes ont souffert, mais protégées par la concentration de monuments historiques et les lois Malraux, elles ont su conserver une beauté française, un habitat traditionnel avec l’urbanisme haussmannien et un commerce de proximité.

Il existe aujourd’hui trois France.


Celle des villes qui profite encore d’une harmonie urbaine et du bonheur de pouvoir acheter, en bas de chez soi son pain chez son boulanger. La France périphérique, que l’on appelait autrefois campagne, que l’on quitte tous les matins par la voie rapide et que l’on retrouve tous les soirs, après avoir fait son plein dans un hypermarché. Et la France des banlieues, assignée à résidence dans un univers de béton ethnicisé où l’identification religieuse a remplacé le sentiment de classe.

La décomposition culturelle et esthétique de la France périphérique et des banlieues est une profonde rupture dans notre pacte identitaire et millénaire. Elle est la cause des fractures qui fragilisent notre pays.
Le droit universel à la beauté était notre ciment identitaire. Le riche comme le pauvre, l’habitant des villes comme celui des campagnes communiaient autour de la beauté française. Les puissants, des châteaux médiévaux aux écoles de la troisième république, n’avaient de cesse de faire vivre cet héritage. 


La beauté est l'âme française. En priver une majorité de nos compatriotes, c’est assassiner ce qui fonde notre propre existence, nos racines et notre vivre ensemble. C’est jeter notre pays dans l’ornière de la division. La restauration de nos paysages et la réaffirmation de l’élégance doivent s’imposer comme une urgence politique. Pas uniquement parce que l’horreur esthétique détruit l’idée du goût et installe le brutalisme et le mépris des hommes dans notre quotidien. Mais, surtout et essentiellement, parce qu’elle fonde notre identité et sert de socle à notre concorde nationale. Le chantier semble immense mais nous rentrons dans une période de changement, marquée par la fin de l’ère du pétrole, qui va tout changer. Nous allons devoir changer tout ce que nous faisons. Vivre au plus près de l'endroit où nous travaillons.


Nous voyons, tout autour de la terre, des solutions émerger. Des circuits courts se mettent en place en France. De nouveaux urbanistes se réapproprient les codes du “civic design” et repensent la ville comme un organisme vivant qui intègre notre vie de citoyens. Le bois s’impose comme une alternative aux maisons préfabriquées construites en placoplâtre. Le numérique est une opportunité pour repenser notre manière de travailler.

La beauté et l’écologie doivent avancer ensemble comme des soeurs et frères. L’urgence climatique est une opportunité pour refaire de la beauté et de l’art de vivre à la française un commun.

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Internet et la culture de la médiocrité

L'Internet était une promesse utopique, il est devenu notre cauchemar contemporain, s'alarme le pionnier du Web français Bruno Walther. Hypnotisés par nos écrans, nous ne cherchons plus à changer le monde mais à le fuir. Et si l'on se reconnectait au réel ?

Gueule de bois. C’est le sentiment que nombre d’entre nous avons aujourd’hui. Nous avons fait la fête sur les promesses d’un nouveau monde. Nous pensions que les technologies en général et l’Internet en particulier signaient la promesse d’une nouvelle espérance. Nous imaginions que la technologie était par essence porteuse de sens. Qu’elle pouvait se substituer aux règnes des idéologies déchues. Internet était prophétique. C'était la multiplication des petits pains avec le porno en plus.

Puis vint l’impensable.

L'Internet était une promesse utopique, il est devenu notre cauchemar contemporain. Hypnotisés par nos écrans, nous ne cherchons plus à changer le monde mais à le fuir. Et si l'on se reconnectait au réel ?

Gueule de bois. C’est le sentiment que nombre d’entre nous avons aujourd’hui. Nous avons fait la fête sur les promesses d’un nouveau monde. Nous pensions que les technologies en général et l’Internet en particulier signaient la promesse d’une nouvelle espérance. Nous imaginions que la technologie était par essence porteuse de sens. Qu’elle pouvait se substituer aux règnes des idéologies déchues. Internet était prophétique. C'était la multiplication des petits pains avec le porno en plus.

Puis vint l’impensable.

Nous pensions que les réseaux sociaux seraient la matrice d’une intelligence collective globalisée et nous avons eu Trump. Que le Net serait un espace pacifié et nous avons les cyberguerres et les fake news. Que Youtube serait un espace où la créativité bienveillante serait triomphante et nous avons eu Soral et les propagandistes d’AlQuaïda. Que la data permettrait de construire un monde plus transparent et nous avons eu Cambridge Analytica. Qu’internet serait la matrice d’une nouvelle croissance des savoirs plus durables et nous avons eu l’explosion d’un cyber-consumérisme qu’incarnent le Black Friday et l'obsolescence programmée comme mode de conception des produits.

Le réveil est rude.

Que s’est-il passé pour en arriver là ?

Le monde de l’Internet, à l’instar des communistes avant eux, a pensé que l’on pouvait faire du passé table rase. Que les lendemains qui chantent viendraient à bout des contingences humaines et morales. L’Homo numericus nouveau serait forcément bienveillant, ouvert au monde et respectueux de la nature.

Nous avons eu tort.

Nous nous sommes trompés sur un point essentiel : Internet n’est pas une utopie mais un outil.

Et pour comprendre cet outil nous devrions nous replonger dans les lectures d’Ivan Illich.

Philosophe et précurseur de l’écologie politique, Ivan Illich démontre que les outils ne sont pas neutres. Ils portent leur propre finalité. Ils sont la matrice qui modèle les rapports sociaux que les hommes nouent entre eux. La voiture, à l’origine simple objet technique permettant de transporter les gens, transforma les paysages et bouleversa les modes de vie.

Critique radicale de la société industrielle, Ivan Illich affirme que « lorsqu'une activité outillée dépasse un seuil, elle se retourne d'abord contre sa fin, puis menace de destruction le corps social tout entier ». Pour lui dès qu’un outil est institutionnalisé et s’impose comme ce qu’il qualifie de « monopole radical », un outil dont personne ne peut se passer et dont l’usage devient une injonction de consommation, il devient dysfonctionnel et détruit l’objectif qu’il est censé servir. L’automobile fait perdre plus de temps qu’elle n’en fait gagner.

Internet, comme les réseaux sociaux, se sont imposés en une poignée d’années comme un monopole radical tel que l’on a rarement connu. Il est devenu quasiment impossible de vivre en mode déconnecté. Le digital a pris le contrôle de notre intimité, le mobile est devenu une prothèse, une hypertrophie de notre moi.

Le digital marque la victoire posthume d’Ivan Illich. Il illustre avec superbe ses démonstrations. En quelques années, Internet est devenu un objet mutant dysfonctionnel. Il était censé rapprocher les hommes, il les fracture. Au lieu de rendre la planète plus intelligente, il développe une sous-culture de la médiocrité.

La réalité est cruelle : la finalité de l’Internet est uniquement de croître, de s’imposer à tous. Pour cela, il mute et impose le bovarysme comme un horizon indépassable. Que vient faire Emma Bovary dans cette aventure ? Rappelez-vous de ce personnage de Flaubert, toujours insatisfait, qui cherche à échapper à tout prix à l’ennui, à la banalité et à la médiocrité de la vie provinciale. Il est caractéristique de l’usage que nous faisons de l’Internet. Sur les réseaux sociaux, la réalité n’est plus qu'une perception. On se construit un monde imaginaire fait de selfies, de margaritas sur des plages ensoleillées. La réussite sociale se compte en nombre de likes. L’enjeu n'est plus d'être ou d'avoir mais de paraître.

L'humanité numérique semble droguée aux mouvements. Le temps se rétrécit.

« Fuir dans le rêve l'insatisfaction éprouvée dans sa vie », telle est la définition que donnait Jules de Gaultier du bovarysme. Je n’en ai pas trouvé de meilleure pour décrire le temps présent.

Le digital, en proposant une réponse digitale à cette espérance bovaryste de quitter le monde de l’ennui pour basculer dans le mouvement perpétuel, a conquis le temps de cerveau disponible des humains.

L’emphase technologique qu'offre aujourd'hui le digital au bovarysme marque une révolution dans notre manière de vivre le monde.

Depuis la naissance de l’Homme, l’insatisfaction est le moteur du progrès. C’est elle qui nous permet de nous élever. De transcender le réel par l'effort et la créativité. De dépasser notre condition d’homme pour devenir des créateurs. La figure du bovarysme que nous propose le digital aujourd’hui en est l'exact inverse. C’est fuir la réalité plutôt que chercher à la transformer. C’est la recherche du mouvement incessant même le plus futile. C’est la peur panique de l’ennui. C’est préférer scénariser son existence que de la vivre. C’est la dictature de l'instant, la quête de la nouveauté. C’est l’illusion comme infini et le néant comme réalité.

Pour paraphraser Kant, cette société de l’illusion est un crime social et ontologique.

Crime social parce qu'il dénature la parole, fondement de toute relation sociale. Nous écoutons notre prochain parce qu’implicitement nous croyons ce qu’il nous dit. La parole n’est qu’un engagement. Déconnectez le verbe de la réalité et la possibilité de croire en l’autre n’est plus. Vous coupez immédiatement la relation sociale. L'altérité devient une absurdité. Vous n'aimez plus l’autre mais une chimère.

Crime ontologique parce qu'il dénature ce qui nous différencie du monde végétal, la conscience. « Un homme qui ne croit plus lui-même ce qu’il dit à un autre, régresse en deçà de la chose». « Le mensonge est un crime contre soi-même, contre l'humanité », nous rappelle Kant.

C’est un constat un peu radical mais le digital bovarysé provoque une dénaturation de la conscience, une mystification intentionnelle. C'est la victoire de Bérénice sur Titus. De l'impétuosité absolue de la mystique du bonheur romantique sur les devoirs liés à sa charge ou à son héritage.

Je vais le dire directement mais le digital fait peser sur notre civilisation un risque mortel.

Une société où l’enjeu n’est plus de transmettre mais de paraître enfante des monstres. Ils se répandent sur les plateaux de la télé-réalité. Le ridicule et la médiocrité intellectuelle d’Emma Bovary deviennent un absolu et envahissent la Maison-Blanche. Symptômes de cette société postmoderne qui sanctifie la vulgarité.

La catastrophe n’est pas loin. Elle gronde.

À moins que nous options pour un changement de cap. Une rupture radicale.

La vie ne se mesure pas à l’entassement des objets mais plutôt à l’art de maîtriser ou plutôt de vivre le temps qui passe.

Rappelons-nous que le temps est ce que l’homme a de plus précieux. Nous pouvons conquérir l’espace, accumuler des choses mais le temps, lui, est unique. Les minutes que vous venez de passer à lire ce texte ne sont qu’à vous. Vous ne pourrez pas les racheter. Pas plus que vous ne savez combien de temps il vous reste à vivre. Il appartient au destin. Il est sacré.

Le temps, voilà le combat central que nous devrions tous, à notre échelle, mener. Reprendre son contrôle. Inscrire notre réflexion et nos actions dans le temps long. Consommer du temps avec nos proches plutôt qu’avec des écrans. Accepter de se perdre dans le visage de l’autre et non dans son avatar fantasmé.

Le jour où nous redeviendrons des bâtisseurs et non des destructeurs du temps, le digital ne sera plus un « monopole radical » mais redeviendra un espace d’échanges où des intelligences collectives et positives s'épanouiront à nouveau.

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Reprendre le pouvoir

Le casque de réalité virtuelle a 10 ans.
En 2010, Palmer Luckey a 17 ans. Il se passionne pour l'électronique et l'ingénierie. Il possède une collection de plus de cinquante casques de réalité virtuelle. Il les trouve peu efficients. Il veut aller plus loin. Il rêve d’un casque qui lui permettrait de s'immerger littéralement dans la réalité virtuelle. Il commence à travailler, dans le garage ses parents, à ce qui deviendra le casque Occulus que Facebook racheta, en 2014, pour trois milliards de dollars.

Depuis Palmer a quitté Facebook et abandonné la réalité virtuelle. Sa nouvelle passion : Donald Trump qu’il soutient depuis 2016 et la lutte contre l’immigration. Il a cofondé avec les dirigeants de Palantir une société de défense, Anduril, qui à l’aide de drones et de capteurs électroniques, traque les migrants qui tentent de passer la frontière. Le programme s’enorgueillit d’avoir stopper 55 tentatives d'entrée dès les 12 premiers jours de sa mise en fonction.

Le casque de réalité virtuelle a 10 ans.

En 2010, Palmer Luckey a 17 ans. Il se passionne pour l'électronique et l'ingénierie. Il possède une collection de plus de cinquante casques de réalité virtuelle. Il les trouve peu efficients. Il veut aller plus loin. Il rêve d’un casque qui lui permettrait de s'immerger littéralement dans la réalité virtuelle. Il commence à travailler, dans le garage de ses parents, à ce qui deviendra le casque Occulus que Facebook racheta, en 2014, pour trois milliards de dollars.

Depuis Palmer a quitté Facebook et abandonné la réalité virtuelle. Sa nouvelle passion : Donald Trump qu’il soutient depuis 2016 et la lutte contre l’immigration. Il a cofondé avec les dirigeants de Palantir une société de défense, Anduril, qui à l’aide de drones et de capteurs électroniques, traque les migrants qui tentent de passer la frontière. Le programme s’enorgueillit d’avoir stoppé 55 tentatives d'entrée dès les 12 premiers jours de sa mise en fonction.

Mike Zuckerberg, lui, continue de vouer une grande passion aux casques de réalité virtuelle et à surinvestir cette catégorie. 
Au point que dans ses vœux de début d’année, il n’a pas pris son traditionnel engagement annuel. Il a préféré partager sa vision de ce que sera le monde en 2030.

Il constate que, tous les dix ans nous changeons de plateforme. En 1990 ce fut l’ordinateur, en 2000 le web, en 2010 le mobile. Pour lui, au milieu des années 2020, des lunettes de réalité virtuelle révolutionnaires deviendront la plateforme centrale qui redéfinira notre relation aux technologies. 

Dix ans après le début des travaux de Palmer Luckey, il imagine que les lunettes de réalité́ virtuelle permettront de travailler, de nous divertir, de voyager, de rencontrer nos familles et nos amis. Il imagine qu’elles redéfiniront notre rapport à la ville et à l’espace. C’est pour lui la grande révolution majeure à venir. 

Nous aurions tort de prendre cette prédiction à la légère. 

Depuis 40 ans la digitalisation s’incarne dans des écrans qui n’ont de cesse de capter notre attention. Ils furent massifs et non connectés au début. Puis ils se transformèrent en espace d’échanges avec le web. Avec le mobile, ils se sont miniaturisés pour devenir des excroissances de nous-même. 

Mais surtout, chaque nouvelle plateforme a augmenté́ notre addiction.

En 2020, 30 % de notre temps d’éveil cérébral, c’est-à-dire le moment où nous ne dormons pas, est capté par une attention venant des écrans. Les optimistes nous dirons qu’ils nous reste 70 % de notre temps pour travailler, voyager, nous perdre dans le visage d’un autre.

C’est précisément à ces 70 % de temps de cerveau disponible non capté que la réalité virtuelle veut s’attaquer.

Elle là est la grande ambition de Mark Zuckerberg. L’enjeu du “capitalisme mental” qu’incarne Facebook, n’est plus de s’approprier les ressources naturelles, d’exploiter les hommes par la propriété́ des biens de production mais de s’approprier nos ressources attentionnelles. 

Le capitalisme mental n’exploite plus la force de travail des hommes, se moque de posséder les moyens de production, de faiblement rémunérer ses employés. Il exploite commercialement notre attention. Son enjeu est le contrôle de notre consentement.

Le capitalisme est par essence inégalitaire et conflictuel. Le capitalisme mental n’y déroge pas. Facebook, WhatsApp, Instagram et demain les casques de réalité virtuelle épuisent nos ressources attentionnelles en les exploitant dans une logique « hyper-productiviste ». Cette prédation émotionnelle se traduit par des blessures narcissiques et un accroissement de la misère psychique. C’est particulièrement frappant chez les adolescents. Ici des lycéens populaires baignent dans l’attention tandis que des miséreux peuvent commettre des actes désespérés pour ne serait-ce que passer une minute sous les projecteurs.

Cette inégalité n’est pas nouvelle. C’est sa systématisation, son emphase et surtout le fait que la valorisation sociale prend le pas sur le désir de richesse spirituelle ou matérielle qui constitue le marqueur de l’époque.

Nul ne veut le voir avec lucidité mais nous faisons face à une crise sanitaire sans précédent. Partout, nous observons une explosion des pathologies sociales de l’attention : trouble de l’attention, stress, burn-out, dépression.

Dix ans après la naissance du prototype de l’Occulus, il y a urgence à reprendre le contrôle individuel et collectif de notre attention. C’est une question politique. Nous devons réaffirmer notre souveraineté individuelle. 

Avant qu’il ne soit trop tard, nous devons interdire par la loi la prédiction de Marc Zuckerberg.

Les dévoreurs d’espérance nous expliquent, pour mieux cacher leurs inactions, qu’il est impossible de réguler la nouvelle économie. Ils ont tort. Le pouvoir politique, quand il est volontariste, est fort. Nous l’avons vu aux États-Unis. Il a suffi d’une convocation devant le sénat pour voir Mark Zuckerberg suer à grandes eaux.

Nous pouvons reprendre le pouvoir. Il nous suffit de le décider.

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Pour sauver le climat, tous sous Ayahusca

Il y a exactement cinq cents ans, Cortès introduisit la culture du chanvre au Mexique. Il était dans la logique des hommes. Depuis que l’humanité existe, elle utilise des plantes pour modifier son état de conscience.

Au début du vingtième siècle tout change. La presse américaine se déchaîne contre le cannabis et la morphine. Elle installe l’idée que les pratiques des “jaunes” et des “nègres” contaminent la jeunesse blanche. En 1910, Hamilton Wright, commissaire à l'Opium déclare « la cocaïne est la cause directe des viols commis par les Nègres ». A la fin des années trentes, Harry Anslinger, patron du Bureau Fédéral des Narcotiques affirme “le cannabis nous dirige vers le pacifisme et le lavage de cerveau communiste, il fait croire aux Nègres qu’ils sont aussi bons que les Blancs ».

Il y a exactement cinq cents ans, Cortès introduisit la culture du chanvre au Mexique. Il était dans la logique des hommes. Depuis que l’humanité existe, elle utilise des plantes pour modifier son état de conscience. 

Au début du vingtième siècle tout change. 

La presse américaine se déchaîne contre le cannabis et la morphine. Elle installe l’idée que les pratiques des “jaunes” et des “nègres” contaminent la jeunesse blanche. En 1910, Hamilton Wright, commissaire à l'Opium déclare « la cocaïne est la cause directe des viols commis par les Nègres ». A la fin des années 30, Harry Anslinger, patron du Bureau Fédéral des Narcotiques affirme  “le cannabis nous dirige vers le pacifisme et le lavage de cerveau communiste, il fait croire aux Nègres qu’ils sont aussi bons que les Blancs ».  

En 1905, les Etats-Unis prennent des mesures w et lancent une campagne internationale contre l’usage de ce qu’ils considèrent comme le “vice des races inférieures” qui débouche, en 1912, sur la Convention internationale de l’opium, premier traité international de lutte contre la drogue. Lancée il y a plus d’un siècle, la guerre à la drogue est un échec absolu. Elle a fait des dizaines de millions de morts, détruit des états, multiplie les trafics et renforce la consommation.

Mais il y a pire, avec la prohibition, nous avons perdu une relation mystique aux plantes. Ce que nos états appellent des drogues, c’était un chemin qu’utilisaient les humains pour se reconnecter. 

Il est frappant de constater que la prohibition des plantes hallucinogènes a avancé en même temps que l’industrialisation de notre chaîne alimentaire. Au moment où l’on interdisait des plantes, on droguait l’humanité aux sucres et à la junk food. Vous allez me prendre pour un hippie mais je pense qu’il y a un lien très étroit entre leur criminalisation et le sort que réservons à notre planète. En nous coupant des plantes, nous avons perdu ce lien intime avec le vivant.  

Se connecter avec une plante hallucinogène ne signifie pas simplement la consommer. C’est apprendre à l’écouter. Une plante est silencieuse mais vivante, elle est prête à parler à celles et ceux qui savent l'écouter. 

Nous sommes de plus en plus nombreux à avoir rencontré l'Ayahuasca, l’Eboga, le Peyote ou d’autres plantes enthéogènes.

Ces breuvages hallucinogènes sont utilisés par les les médecins traditionnels amazoniens. Nous faisons tous des voyages différents, mais nous avons tous en commun d’avoir ressenti intimement une connexion puissante avec notre terre nourricière. Ce lien indescriptible avec la fragilité du monde.

C’est à la suite d’une retraite au Costa Rica où elle a rencontré des plantes que la physicienne Gail Bradbrook décida de fonder le mouvement extinction rébellion. D’aucuns critiquent ce mouvement pour sa radicalité ou son côté mièvre. Pour moi, c’est l’objet politique, par sa matrice originelle, le plus novateur du vingt-et-unième siècle. 

Gail Bradbrook théorise les bases d’une révolution psychédélique. C’est par cette phrase qu’elle a lancé son mouvement « Nous devrions tous nous mettre à la médecine psychédélique pour montrer à l'état qu'il n'a absolument pas le droit de contrôler nos consciences et de définir nos pratiques spirituelles ».

Oui vous avez bien lu.

L’enjeu révolutionnaire n’est plus dans la prise du pouvoir mais dans le réveil de nos consciences, avec les plantes comme outil et la sauvegarde de la planète comme finalité.

Extinction Rébellion inverse la perspective.  L’enjeu n’est pas de conquérir le pouvoir, il est plus grand, il est de se transformer soi-même pour transformer le monde. De sortir du déni, du désespoir, de l'impuissance pour se rappeler que l’horizon de l’Homme n’est pas dans la consommation mais dans l’amour de soi, de l’autre, du vivant. Et que nous n’arriverons à rien si nous ne commençons pas par nous.

Prendre soin de soi, en guérissant les parties de nous même blessées, pour nous réintroduire dans le tissus de la vie est un acte révolutionnaire. Et qui mieux que les plantes peut nous aider sur ce chemin. 

Nous parlons souvent de révolution digitale mais elle n’est rien par rapport à la révolution des plantes et à la puissance de leurs technologies. Oui, j’utilise à escient le terme de technologie. Elles contiennent des savoirs précieux, savent réveiller nos consciences, réparer nos traumatismes et fluidifier nos pensées. 

Nous pouvons regarder le monde avec pessimisme et pleurer sur le sort de nos écosystèmes disparus.

Nous pouvons aussi espérer en réalisant que nous sommes de plus en plus nombreux à nous reconnecter, avec gratitude, aux plantes. Les savoirs ancestraux des plantes partout se réveillent. Elles sortent des forêts et commencent à recoloniser le monde. J’ai la certitude que nous sommes à l’aube d’une nouvelle révolution humaine, qui portée par les plantes, nous permettra de nous reconnecter à notre terre nourricière. 

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